Saint Pie X

Saint Pie X, le Pape réformateur de l’Église

En ce 21 aout, mémoire liturgique du Pape Saint Pie X, retour sur la figure de ce Pape du tournant du siècle, «pontife de l’Eucharistie et du catéchisme», selon les mots de l’un de ses successeurs, Pie XII.

Amedeo Lomonaco – Cité du Vatican

«Renouveler toutes les choses en Christ». C’est la perspective qui accompagne le pontificat du Pape Joseph Melchiore Sarto. Né à Riese (Trévise) en 1835 dans une famille de paysans, avant d’être élu Pape le 4 août 1903, il est évêque de Mantoue et patriarche de Venise.

Il prend le nom de Pie X et dirige l’Eglise au tournant du XXe siècle. Il succède à Léon XIII, qui avait promulgué en 1891 l’encyclique « Rerum novarum » sur la question ouvrière. Parmi les piliers de la vie chrétienne, il place l’Eucharistie : « C’est le divin sacrement qui nous assure la vie éternelle et nous rend certain que nous lutterons victorieusement contre nos ennemis… Jésus est le plus grand des bienfaits que l’humanité désolée a eu« , a-t-il affirmé.

Les premières années de pontificat

Le Pape Sarto expose le programme de son pontificat dans l’encyclique « E supremi » (4 octobre 1903) dans laquelle il indiquait une voie: « ramener le genre humain à l’empire du Christ« . Dès qu’il est monté sur le trône de Pierre, il charge une commission de cardinaux d’étudier la question dudit veto qui permet aux puissances européennes de s’opposer à l’élection d’un cardinal comme pape. Le « ius exclusivae » a ensuite été aboli avec la constitution « Commissum nobis » du 20 janvier 1904.

Dès le début de son pontificat, il se consacre à la réorganisation de la Curie romaine. Puis il commence à travailler à la rédaction du Code de droit canonique.  Il encourage la réforme liturgique et le chant sacré. En 1905, il créé le premier cardinal sud-américain de l’histoire de l’Église, l’évêque brésilien Mgr Joaquim Arcoverde Cavalcanti. Deux ans plus tard, dans la lettre encyclique « Pascendi Dominici Gregis« , il indique « les erreurs du modernisme ».

Le catéchisme de Pie X

Le pontificat du Pape Sarto est également lié en particulier au catéchisme. En 1905, Pie X prescrit un nouveau recueil. « La nécessité de pourvoir autant que possible à l’institution religieuse de la tendre jeunesse nous a conseillé d’imprimer un Catéchisme, qui expose clairement les rudiments de la sainte foi, et ces vérités divines, dont la vie de chaque chrétien doit être informée« , écrit Pie X dans une lettre adressée au cardinal Pietro Respighi. En 1912, un nouveau catéchisme est approuvé pour le diocèse et la province ecclésiastique de Rome.  Le catéchisme appelé « de Pie X » a été pour beaucoup un guide sûr dans l’apprentissage des vérités de la foi pour son langage simple, clair et précis et pour son efficacité expositive, soulignait pour sa part le Pape Benoît XVI lors de son audience générale du 18 août 2010.

Pie X, le sport et le tango

Le pontificat de Pie X est également lié au monde du sport. « Saint Pie X a encouragé la noble initiative du baron Pierre De Coubertin qui a restauré les Jeux olympiques à l’époque contemporaine avec un succès croissant« , rappelait Saint Jean-Paul II en 1982 en s’adressant aux membres du Comité international olympique.

Le Souverain Pontife est également un observateur attentif des divers aspects et domaines qui concernent la société. Il a, entre autres, obtenu la levée des sanctions ecclésiastiques pour ceux qui avaient pratiqué le tango, une danse arrivée en Europe en provenance d’Argentine. Après en avoir vu une représentation, il a affirmé, en dialecte, qu’il préférait « la danse forlane » -danse traditionnelle italienne originaire du Frioul- mais qu’il ne voyait pas de grands péchés dans cette nouvelle danse.

Le déclenchement de la Première Guerre mondiale

La dernière partie du pontificat du Pape Pie X s’accompagne d’abord des vents menaçants de la guerre, puis du déclenchement de la Première Guerre mondiale, qui commence le 28 juillet 1914 avec la déclaration de guerre de l’Autriche à la Serbie. Dans l’exhortation « Dum Europa » du 2 août 1914, le Souverain Pontife lance un appel à la paix: « Alors que les peuples d’Europe, presque tous, ont été entraînés dans les tourbillons d’une guerre très meurtrière, dont personne ne peut imaginer les dangers sans se sentir opprimé par la douleur et la peur, nous ne pouvons pas non plus ne pas nous inquiéter de nous sentir déchirés dans la douleur la plus indescriptible pour la santé et la vie de tant de citoyens et de tant de peuples qui nous sont chers« . Quelques jours après la promulgation de l’exhortation « Dum Europa », le 20 août 1914, Pie X meurt.

La canonisation

Pie X a été proclamé saint par Pie XII en 1954. Dans son discours après le rite de canonisation, ce dernier affirmait: « Vous en qui l’humilité semblait fraterniser avec grandeur, l’austérité avec douceur, la simple piété avec une profonde doctrine. Vous, Pontife de l’Eucharistie et du catéchisme, de toute foi et d’une fermeté sans crainte, tourne ton regard vers la sainte Église, que tu as tant aimée et à laquelle tu as consacré le meilleur des trésors, que d’une main prodigue la Bonté divine avait déposé dans ton âme ».

« Ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? » (Mt 20, 1-16)

Évangile

« Ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? » (Mt 20, 1-16)

Alléluia. Alléluia.
Elle est vivante, efficace, la parole de Dieu ;
elle juge des intentions et des pensées du cœur.
Alléluia. (cf. He 4,12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples cette parabole :
« Le royaume des Cieux est comparable
au maître d’un domaine qui sortit dès le matin
afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne.
Il se mit d’accord avec eux
sur le salaire de la journée : un denier,
c’est-à-dire une pièce d’argent,
et il les envoya à sa vigne.
Sorti vers neuf heures,
il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans rien faire.
Et à ceux-là, il dit :
“Allez à ma vigne, vous aussi,
et je vous donnerai ce qui est juste.”
Ils y allèrent.
Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures,
et fit de même.
Vers cinq heures, il sortit encore,
en trouva d’autres qui étaient là et leur dit :
“Pourquoi êtes-vous restés là,
toute la journée, sans rien faire ?”
Ils lui répondirent :
“Parce que personne ne nous a embauchés.”
Il leur dit :
“Allez à ma vigne, vous aussi.”

Le soir venu,
le maître de la vigne dit à son intendant :
“Appelle les ouvriers et distribue le salaire,
en commençant par les derniers
pour finir par les premiers.”
Ceux qui avaient commencé à cinq heures s’avancèrent
et reçurent chacun une pièce d’un denier.
Quand vint le tour des premiers,
ils pensaient recevoir davantage,
mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’un denier.
En la recevant,
ils récriminaient contre le maître du domaine :
“Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure,
et tu les traites à l’égal de nous,
qui avons enduré le poids du jour et de la chaleur !”
Mais le maître répondit à l’un d’entre eux :
“Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi.
N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ?
Prends ce qui te revient, et va-t’en.
Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi :
n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ?
Ou alors ton regard est-il mauvais
parce que moi, je suis bon ?”
C’est ainsi que les derniers seront premiers,
et les premiers seront derniers. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

Jalousie, cupidité, médisance… Les qualificatifs manquent pour désigner l’attitude de ces ouvriers de la première heure, qui ne voient chez leurs collègues arrivés plus tardivement que des profiteurs qui abusent de la générosité du maître. L’expression est restée proverbiale : les « ouvriers de la onzième heure » ne méritent que du mépris de la part de ceux qui ont, dès le début de la journée, enduré le poids du jour et de la chaleur.

Nous sommes, au fond, d’accord avec eux, même si nous comprenons qu’il ne s’agit là que d’une parabole et non d’une leçon d’économie ou d’un conflit relevant du droit du travail. Est-ce bien juste, tout cela ? Est-il juste, ce père qui accueille à bras ouvert le fils parti courir le guilledou pendant que l’autre fils faisait son devoir en restant à la maison ? Est-il juste, ce berger qui abandonne les 99 brebis raisonnables pour partir à la recherche de la fofolle qui s’est égarée dans les pâturages ?

Ce qui est en jeu, c’est la compréhension que nous avons de la justice de Dieu. Le maître, en tout cas, l’annonce à ses ouvriers : « Je vous donnerai ce qui est juste. » Il a promis aux premiers embauchés une pièce d’argent. Il tient parole. La justice, pour lui, n’est pas de récompenser chacun en fonction des efforts qu’il a fournis.

Qu’est-ce donc que la justice, pour Dieu ? C’est de tenir parole, d’être fidèle aux engagements pris. Quand Dieu donne sa parole, quand il s’engage, il ne se dédit pas, et c’est cela qui a de l’importance pour nous, les humains. Les ouvriers, eux, n’attendent qu’une chose : c’est qu’il change d’avis et se montre finalement plus généreux qu’attendu. Ils ne regardent pas le maître, mais l’argent qu’il donne. C’est à cet argent qu’ils réduisent leur relation avec lui. Ils sont incapables de mesurer à sa juste valeur l’incroyable générosité de cet homme qui embauche à tour de bras ceux qui traînent dans les rues et va les payer sans compter.

A l‘image du maître de la parabole, Dieu est celui qui reste fidèle à l’alliance conclue avec l’humanité, quoiqu’il arrive. C’est sur cette alliance, sur la fidélité de Dieu plus que sur la nôtre, que nous construisons notre propre foi. Ne nous trompons pas : la fidélité de Dieu ne se mesure pas à notre propre conception de la justice, elle est au-delà de toute justice et de notre propre fidélité.