Mt 18,1-5.10.12-14

Texte de l’Évangile (Mt 18,1-5.10.12-14):

Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent: «Qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux?».

Alors Jésus appela un petit enfant; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara: «Amen, je vous le dis: si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, c’est celui-là qui est le plus grand dans le Royaume des cieux. Et celui qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom, c’est moi qu’il accueille.

Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux.

Que pensez-vous de ceci? Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne laissera-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée? Et, s’il parvient à la retrouver, amen, je vous le dis: il se réjouit pour elle plus que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées. Ainsi, votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu».

Par ces paroles, nous pouvons comprendre que telle est notre responsabilité de "devenir petit". Il ne s'agit pas d'être de nature petite ou simple, limité ou non dans ses capacités, mais plutôt de renoncer à la grandeur acquise pour rester au niveau des humbles et des simples. L'important pour chacun de nous est de chercher à ressembler aux petits que Jésus lui-même nous présente.

 

Sainte Jeanne-Françoise de Chantal

Sainte Jeanne-Françoise
de Chantal
Fondatrice d’Ordre
(1572-1641)

Jeanne-Françoise Fremiot de Chantal, née à Dijon, réunit en elle toutes les distinctions, celle de la naissance, celle de l’esprit, celle surtout de la sainteté. Admirable en tout, dès son bas âge elle brilla surtout par un zèle ardent pour la foi catholique.

A cinq ans, on la vit reprendre avec force un hérétique qui parlait contre la présence réelle: « Monsieur, lui dit-elle, vous ne croyez pas que Jésus-Christ soit dans l’Eucharistie; cependant Il a dit qu’Il y était, vous croyez donc qu’Il n’a pas dit la vérité? » Le protestant, ne sachant que répondre, voulut fermer la bouche de l’enfant en lui offrant des dragées, mais elle les jeta au feu avec mépris, en disant: « Voilà, monsieur, comment les hérétiques brûleront en enfer pour n’avoir pas cru aux paroles de Jésus-Christ! »

Âgée de vingt ans, elle fut donnée en mariage à un époux digne d’elle, le baron de Chantal. Dieu donna de nombreux et charmants enfants à ces époux modèles; rien ne manquait à leur bonheur, quand une catastrophe épouvantable vint le briser: le baron fut blessé à la chasse, par accident, de la main d’un de ses amis, et mourut pieusement quelques jours après. Jeanne avait vingt-huit ans; elle reçut le coup terrible sans faiblir et fit à Dieu, à l’instant même, le voeu de chasteté parfaite, se traça un plan de vie austère, se vêtit sans luxe, porta le cilice et se donna tout entière à sa sanctification et à l’éducation de ses enfants.

Dieu lui fit bientôt rencontrer saint François de Sales, à Dijon même; dès lors elle se mit sous sa direction, et sa vie s’éleva rapidement à une perfection supérieure: « J’ai trouvé à Dijon, pouvait dire le Saint, la femme forte, en Mme de Chantal. »

Après avoir montré au monde le modèle de la mère chrétienne, Dieu va faire éclater en l’illustre Sainte le modèle sublime de la perfection religieuse. Elle devint fondatrice de l’Ordre de la Visitation. La séparation fut pour elle un sacrifice sublime; il lui fallut résister aux cris et aux larmes et passer par-dessus le corps de son fils aîné, qui s’était couché sur le seuil de la porte, criant: « Maman, ne me quittez pas! » Une telle âme devait franchir à grands coups d’ailes les sommets de la plus haute sainteté.

Elle en vint à faire le voeu de choisir toujours ce qui lui paraîtrait le plus parfait. L’amour de Dieu possédait son âme au point qu’elle n’en pouvait supporter l’ardeur. « Ah! disait-elle, si le monde connaissait la douceur d’aimer Dieu, il mourrait d’amour! » Saint Vincent de Paul vit son âme monter au Ciel sous la forme d’un globe de feu et rejoindre l’âme de saint François de Sales, brillante du même éclat.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950

Sainte Claire d’Assise

Sainte Claire d’Assise

fondatrice des Clarisses (✝ 1253)

 

Il n’est pas possible de séparer l’histoire de sainte Claire de celle de saint François d’Assise. Née à Assise, elle a 11 à 12 ans de moins que lui. Elle est de famille noble et lui fils de marchand. Au moment de la ‘commune’ d’Assise vers 1200, soulèvement violent contre le pouvoir féodal, auquel participe saint François, les parents de Claire quittent la ville par sécurité et se réfugient à Pérouse, la ville rivale. Ils ne reviendront à Assise que 5 à 6 ans plus tard. Claire ne commence à connaître saint François que vers 1210, quand celui-ci, déjà converti à la vie évangélique, se met à prêcher dans Assise. Elle est séduite par lui et par cette vie pauvre toute donnée au Christ. Elle cherche donc à rencontrer François par l’intermédiaire de son cousin Rufin qui fait partie du groupe des frères. Ensemble, ils mettent au point son changement de vie. Le soir des Rameaux 1212, elle quitte la demeure paternelle et rejoint saint François à la Portioncule. Elle a 18 ans et se consacre à Dieu pour toujours. L’opposition de sa famille n’y pourra rien. Rapidement d’autres jeunes filles se joignent à Claire, dont sa sœur Agnès, sa maman Ortolana et son autre sœur Béatrice. La vie des ‘Pauvres Dames’ prospère rapidement et d’autres monastères doivent être fondés. Le Pape Innocent III leur accorde ‘le privilège de pauvreté’. Mais après la mort de saint François, les papes interviendront pour aménager la vie matérielle des Clarisses et leur permettre une relative sécurité. Claire refuse de toutes ses forces. Elle veut la pauvreté totale et la simplicité franciscaine. En 1252, le pape Innocent IV rend visite aux Sœurs, accepte leur Règle de vie et la bulle d’approbation arrive le 9 août 1253. Claire meurt le 11 août tenant la bulle dans ses mains dans la paix et la joie.
La communauté des clarisses de Cormontreuil (Reims) vous propose de découvrir Claire d’Assise par sa vie en 10 épisodes.

méditation sur les symboles dans la vie et les écrits de sainte Claire d’Assise, vidéo de la WebTV de la CEF.
Le 15 septembre 2010, Benoît XVI a consacré sa catéchèse à Claire d’Assise (1193-1253), une des saintes les plus aimées dans l’Église. Son témoignage « montre ce que l’Église doit aux femmes courageuses et remplies de foi, capables de donner une forte impulsion à sa rénovation ». Puis il a rappelé qu’elle naquit dans une famille aristocratique, qui décida de la marier à un bon parti. Mais à dix huit ans, Claire et son amie Bonne quittèrent leurs foyers et décidèrent de suivre le Christ en entrant dans la communauté de la Portioncule. C’est François qui l’y accueillit, lui tailla les cheveux et la revêtit d’un grossier vêtement de pénitence. Dès lors fut elle une vierge, épouse du Christ, humble et pauvre, totalement consacrée au Seigneur ».
Dès le début de sa vie religieuse, a ensuite rappelé le Pape, « Claire trouva en François un maître avec ses enseignements, et plus encore un ami fraternel. Cette amitié fut considérable car, lorsque deux âmes pures brûlent ensemble du même amour de Dieu, elles trouvent dans l’amitié un encouragement à la perfection. L’amitié est l’un des sentiments les plus nobles et élevés que la grâce divine purifie et transfigure ». L’évêque Jacques de Vitry, qui connut les débuts du mouvement franciscain, a rapporté que la pauvreté radicale, liée à la confiance absolue en la Providence, était caractéristique de sa spiritualité, et que Claire y était très sensible. C’est pourquoi elle obtint du Pape « le Privilegium Paupertatis, confirmant que Claire et ses compagnes du couvent de San Damiano ne pourraient jamais posséder de biens fonciers. « Ce fut une exception totale au droit canonique de l’époque, accordée par les autorités ecclésiastiques devant les fruits de sainteté évangélique produits par le mode de vie de la sainte et de ses sœurs ».
Ce point, a-t-il ajouté, « montre combien au Moyen Âge le rôle de la femme était important. D’ailleurs, Claire fut la première femme de l’histoire de l’Église à rédiger une règle qui fut soumise à l’approbation papale, par laquelle elle voulut que le charisme de saint François fut conservé dans toutes les communautés féminines s’inspirant de leur exemple ». A San Damiano, elle « pratiqua les vertus héroïques qui devraient distinguer tous les chrétiens, l’humilité, la piété, la pénitence et la charité. Sa réputation de sainteté et les prodiges opérés grâce à elle conduisirent Alexandre IV à canoniser Claire en 1255, à peine deux ans après sa mort ». Ses filles spirituelles, les clarisses, poursuivent dans la prière une œuvre inappréciable au sein de l’Église.
(source: VIS 20100915 430)
Pie XII, Lettre Apostolique (en forme brève) proclamant Ste Claire Patronne Céleste de la Télévision (21 août 1958)
Sainte Claire est présente sur les vitraux de plusieurs églises du diocèse d’Autun.
Mémoire de sainte Claire, vierge. Première plante des pauvres Dames de l’Ordre des Mineurs, elle suivit saint François d’Assise et mena au couvent de Saint-Damien une vie très austère, mais riche d’œuvres de charité et de piété. Aimant par-dessus tout la pauvreté, elle n’accepta jamais de s’en écarter, pas même dans l’extrême indigence ou dans la maladie. Elle mourut à Assise en 1253.

 

Martyrologe romain

Ce que tu tiens, tiens-le. Ce que tu fais, fais-le et ne le lâche pas. Mais d’une course rapide, d’un pas léger, sans entraves aux pieds, pour que tes pas ne ramassent pas la poussière, sûre, joyeuse et alerte, marche prudemment sur le chemin de la béatitude.

Sainte Claire à sainte Agnès de Prague

Sainte Claire d’Assise

Sainte Claire d’Assise
Vierge et Fondatrice d’Ordre
(1194-1253)

Sainte Claire naquit à Assise, en Italie. Dès son enfance, on put admirer en elle un vif attrait pour la retraite, l’oraison, le mépris du monde, l’amour des pauvres et de la souffrance; sous ses habits précieux, elle portait un cilice.

A l’âge de seize ans, fortement émue de la vie si sainte de François d’Assise, elle va lui confier son désir de se donner toute à Dieu. Le Saint la pénètre des flammes du divin amour, accepte de diriger sa vie, mais il exige des actes: Claire devra, revêtue d’un sac, parcourir la ville en mendiant son pain de porte en porte. Elle accomplit de grand coeur cet acte humiliant, et, peu de jours après, quitte les livrées du siècle, reçoit de François une rude tunique avec une corde pour lui ceindre les reins, et un voile grossier sur sa tête dépouillée de ses beaux cheveux.

Elle triomphe de la résistance de sa famille. Quelques jours après, sa soeur Agnès la supplie de l’agréer en sa compagnie, ce que Claire accepte avec joie, en rendant grâce au Ciel. « Morte ou vive, qu’on me ramène Agnès! » s’écria le père, furieux à cette nouvelle; mais Dieu fut le plus fort, et Agnès meurtrie, épuisée, put demeurer avec sa soeur. Leur mère, après la mort de son mari, et une de leurs soeurs, vinrent les rejoindre.

La communauté fut bientôt nombreuse et florissante; on y vit pratiquer, sous la direction de sainte Claire, devenue, quoique jeune, une parfaite maîtresse de vie spirituelle, une pauvreté admirable, un détachement absolu, une obéissance sublime: l’amour de Dieu était l’âme de toutes ses vertus.

Claire dépassait toutes ses soeurs par sa mortification; sa tunique était la plus rude, son cilice le plus terrible à la chair; des herbes sèches assaisonnées de cendre formaient sa nourriture; pendant le Carême, elle ne prenait que du pain et de l’eau, trois fois la semaine seulement. Longtemps elle coucha sur la terre nue, ayant un morceau de bois pour oreiller.

Claire, supérieure, se regardait comme la dernière du couvent, éveillait ses soeurs, sonnait matines, allumait les lampes, balayait le monastère. Elle voulait qu’on vécût dans le couvent au jour le jour, sans fonds de terre, sans pensions et dans une clôture perpétuelle.

Claire est célèbre par l’expulsion des Sarrasins, qui, après avoir pillé la ville, voulaient piller le couvent. Elle pria Dieu, et une voix du Ciel cria: « Je vous ai gardées et Je vous garderai toujours. » Claire, malade, se fit transporter à la porte du monastère, et, le ciboire en main, mit en fuite les ennemis. Sa mort arriva le 12 août 1253.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950

Saint Laurent, Diacre et martyr

Saint Laurent, Diacre et martyr
Date : 10/08
Epoque : IIIème s.
Pays : Rome, Italie

Saint Laurent est certainement le plus célèbre des martyrs de Rome du IIIe siècle.Trésorier de l’Église, il est sommé d’en livrer les biens et les archives dont il a la garde. Négociant un délai de trois jours pour les rassembler, il regroupe les pauvres de Rome et les amène avec lui devant le tribunal, déclarant : « Voilà les vrais trésors de l’Église : ils ne diminuent jamais et augmentent toujours ». Il est alors brûlé vif sur un lit de fer en forme de grill.

Tout devait frapper la mémoire des chrétiens de Rome en Laurent, martyr admirable. Même si l’imaginaire a brodé sur le récit transmis de sa « passion », son héroïsme est un sommet des Actes de l’Église primitive. On a souvent comparé Laurent à un autre Diacre, lui aussi de stature exceptionnelle : Étienne de Jérusalem. L’inscription que le Pape Damase fit graver sur le tombeau de Laurent est très fidèle à la réalité : « Coups, bourreaux, flammes, tourments et chaînes, seule la foi de Laurent a pu les vaincre ». C’était le 10 août 258.

Réalité et légende ont nourri un culte insigne en l’honneur de saint Laurent. Dès l’époque de Constantin, au début IVe siècle, on édifie sa basilique « hors-les-murs » de Rome. Au IVe siècle, la fête de Laurent à Rome avait le même rang que celle des Apôtres Pierre et Paul. Au XVIe siècle en Espagne, le roi Philippe II, pour célébrer ses victoires, fait édifier l’immense palais de l’Escorial en forme de gril ! La Liturgie de la Messe de Laurent met en relief le ministère du Diacre, servant à la fois le Christ, l’autel et les pauvres.
On fête également un saint Laurent italien qui fut prédicateur itinérant au XVIe siècle ; il est célébré le 21 juillet.

Le prénom Laurent vient du latin « laurier » (laurus).

Saint Laurent, Diacre et martyr

 

Saint Laurent, Diacre et martyr
Date : 10/08
Epoque : IIIème s.
Pays : Rome, Italie

Saint Laurent est certainement le plus célèbre des martyrs de Rome du IIIe siècle.Trésorier de l’Église, il est sommé d’en livrer les biens et les archives dont il a la garde. Négociant un délai de trois jours pour les rassembler, il regroupe les pauvres de Rome et les amène avec lui devant le tribunal, déclarant : « Voilà les vrais trésors de l’Église : ils ne diminuent jamais et augmentent toujours ». Il est alors brûlé vif sur un lit de fer en forme de grill.

Tout devait frapper la mémoire des chrétiens de Rome en Laurent, martyr admirable. Même si l’imaginaire a brodé sur le récit transmis de sa « passion », son héroïsme est un sommet des Actes de l’Église primitive. On a souvent comparé Laurent à un autre Diacre, lui aussi de stature exceptionnelle : Étienne de Jérusalem. L’inscription que le Pape Damase fit graver sur le tombeau de Laurent est très fidèle à la réalité : « Coups, bourreaux, flammes, tourments et chaînes, seule la foi de Laurent a pu les vaincre ». C’était le 10 août 258.

Réalité et légende ont nourri un culte insigne en l’honneur de saint Laurent. Dès l’époque de Constantin, au début IVe siècle, on édifie sa basilique « hors-les-murs » de Rome. Au IVe siècle, la fête de Laurent à Rome avait le même rang que celle des Apôtres Pierre et Paul. Au XVIe siècle en Espagne, le roi Philippe II, pour célébrer ses victoires, fait édifier l’immense palais de l’Escorial en forme de gril ! La Liturgie de la Messe de Laurent met en relief le ministère du Diacre, servant à la fois le Christ, l’autel et les pauvres.
On fête également un saint Laurent italien qui fut prédicateur itinérant au XVIe siècle ; il est célébré le 21 juillet.

Le prénom Laurent vient du latin « laurier » (laurus).

Ps 33 Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !

Psaume

(Ps 33 (34), 2-3, 4-5, 6-7, 8-9)

R/ Goûtez et voyez
comme est bon le Seigneur !
(Ps 33, 9a)

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond :
de toutes mes frayeurs, il me délivre.

Qui regarde vers lui resplendira,
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend :
il le sauve de toutes ses angoisses.

L’ange du Seigneur campe alentour
pour libérer ceux qui le craignent.
Goûtez et voyez : le Seigneur est bon !
Heureux qui trouve en lui son refuge !

Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix

Thérèse-Bénédicte de la Croix (1891-1942)

« Dieu est la vérité.
Qui cherche la vérité, cherche Dieu,
qu’il en soit conscient ou non. » Lettre d’Edith Stein à soeur Adelgundis Jaegerschmid, le 23 mars 1938.

Philosophe et carmélite, Edith Stein vient au monde dans une famille juive le 12 octobre 1891 à Breslau en Prusse. Malgré une éducation marquée par le judaïsme, elle s’éloigne résolument à l’âge de l’adolescence de toute croyance religieuse en même temps qu’elle quitte librement l’école pour un temps. Sa vive intelligence l’engage à rechercher la vérité avec les moyens nécessaires : elle reprend donc le lycée et et va s’inscrire à l’université pour suivre les cours qui l’intéressent en psychologie et philosophie.

stein1 Edith est l’une des rares femmes de son époque à fréquenter l’université ; elle sera la 1re femme docteur en philosophie avec sa thèse sur « l’Einfühlung » (empathie). Edith devient élève puis assistante d’Edmund Husserl, dont les travaux en phénoménologie rendent la jeune femme attentive au phénomène religieux.

La question de la foi en Dieu s’impose progressivement à elle quand elle voit une femme prier seule dans une église ou quand une amie veuve traverse le deuil en puisant sa force dans sa foi. En 1921, la lecture de l’autobiographie de Thérèse d’Avila la décide à demander le baptême dans l’Église catholique. Unissant ses compétences philosophiques à la lumière que lui donne la foi, Edith Stein se consacre pendant une dizaine d’années à l’enseignement au couvent des dominicaines de Spire. Son principal souci est de mettre en valeur une vision chrétienne de la personne humaine.

Pleinement lucide sur la signification de la montée du nazisme et interdite d’enseignement en raison de son origine juive, elle entre au Carmel de Cologne en 1933 et y prend le nom de Thérèse Bénédicte de la Croix. Nouvelle rupture avec sa famille et surtout avec sa mère qui ne comprend pas son choix. Mais Edith poursuit son combat contre le mal qui se déchaîne dans le monde à un niveau de radicale profondeur : avec le Christ, sous le signe de la Croix. Elle décide de se tenir devant Dieu afin d’intercéder pour tous.

Elle cherche à quitter l’Allemagne et part pour le Carmel d’Echt en Hollande en 1938. Suite à une dénonciation des exactions nazies par les évêques hollandais, le pouvoir national-socialiste décide de déporter tous les chrétiens d’origine juive. Le 9 août 1942, Edith Stein meurt dans les chambres à gaz d’Auschwitz, à la fois victime de la Shoah et témoin du Christ.

Elle sera canonisée par le pape Jean-Paul II le 11 octobre 1998 et proclamée co-patronne de l’Europe en 1999.

Thérèse-Bénédicte de la Croix Edith Stein (1891-1942)

Thérèse-Bénédicte de la Croix Edith Stein (1891-1942)
Carmélite déchaussée, martyr

 

« Inclinons-nous profondément devant ce témoignage de vie et de mort livré par Edith Stein, cette remarquable fille d’Israël, qui fut en même temps fille du Carmel et soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, une personnalité qui réunit pathétiquement, au cours de sa vie si riche, les drames de notre siècle. Elle est la synthèse d’une histoire affligée de blessures profondes et encore douloureuses, pour la guérison desquelles s’engagent, aujoud’hui encore, des hommes et des femmes conscients de leurs responsabilités; elle est en même temps la synthèse de la pleine vérité sur les hommes, par son coeur qui resta si longtemps inquiet et insatisfait, « jusqu’à ce qu’enfin il trouvât le repos dans le Seigneur » « .

Ces paroles furent prononcées par le Pape Jean-Paul II à l’occasion de la béatification d’Édith Stein à Cologne, le 1 mai 1987.

Qui fut cette femme?

Quand, le 12 octobre 1891, Édith Stein naquit à Wroclaw (à l’époque Breslau), la dernière de 11 enfants, sa famille fêtait le Yom Kippour, la plus grande fête juive, le jour de l’expiation. « Plus que toute autre chose cela a contribué à rendre particulièrement chère à la mère sa plus jeune fille ». Cette date de naissance fut pour la carmélite presque une prédiction.

Son père, commerçant en bois, mourut quand Édith n’avait pas encore trois ans. Sa mère, femme très religieuse, active et volontaire, personne vraiment admirable, restée seule, devait vaquer aux soins de sa famille et diriger sa grande entreprise; cependant elle ne réussit pas à maintenir chez ses enfants une foi vivante. Édith perdit la foi en Dieu: « En pleine conscience et dans un choix libre je cessai de prier ».

Elle obtint brillamment son diplôme de fin d’études secondaires en 1911 et commença des cours d’allemand et d’histoire à l’Université de Wroclaw, plus pour assurer sa subsistance à l’avenir que par passion. La philosophie était en réalité son véritable intérêt. Elle s’intéressait également beaucoup aux questions concernant les femmes. Elle entra dans l’organisation « Association Prussienne pour le Droit des Femmes au Vote ». Plus tard elle écrira: « Jeune étudiante, je fus une féministe radicale. Puis cette question perdit tout intérêt pour moi. Maintenant je suis à la recherche de solutions purement objectives ».

En 1913, l’étudiante Édith Stein se rendit à Gôttingen pour fréquenter les cours de Edmund Husserl à l’université; elle devint son disciple et son assistante et elle passa aussi avec lui sa thèse. À l’époque Edmund Husserl fascinait le public avec son nouveau concept de vérité: le monde perçu existait non seulement à la manière kantienne de la perception subjective. Ses disciples comprenaient sa philosophie comme un retour vers le concret. « Retour à l’objectivisme ». La phénoménologie conduisit plusieurs de ses étudiants et étudiantes à la foi chrétienne, sans qu’il en ait eu l’intention. À Gôttingen, Édith Stein rencontra aussi le philosophe Max Scheler. Cette rencontre attira son attention sur le catholicisme. Cependant elle n’oublia pas l’étude qui devait lui procurer du pain dans l’avenir. En janvier 1915, elle réussit avec distinction son examen d’État. Elle ne commença pas cependant sa période de formation professionnelle.

Alors qu’éclatait la première guerre mondiale, elle écrivit: « Maintenant je n’ai plus de vie propre ». Elle fréquenta un cours d’infirmière et travailla dans un hôpital militaire autrichien. Pour elle ce furent des temps difficiles. Elle soigna les malades du service des maladies infectieuses, travailla en salle opératoire, vit mourir des hommes dans la fleur de l’âge. À la fermeture de l’hôpital militaire en 1916, elle suivit Husserl à Fribourg-en-Brisgau, elle y obtint en 1917 sa thèse « summa cum laudae » dont le titre était: « Sur le problème de l’empathie ».

Il arriva qu’un jour elle put observer comment une femme du peuple, avec son panier à provisions, entra dans la cathédrale de Francfort et s’arrêta pour une brève prière. « Ce fut pour moi quelque chose de complètement nouveau. Dans les synagogues et les églises protestantes que j’ai fréquentées, les croyants se rendent à des offices. En cette circonstance cependant, une personne entre dans une église déserte, comme si elle se rendait à un colloque intime. Je n’ai jamais pu oublier ce qui est arrivé ». Dans les dernières pages de sa thèse elle écrit: « Il y a eu des individus qui, suite à un changement imprévu de leur personnalité, ont cru rencontrer la miséricorde divine ». Comment est-elle arrivée à cette affirmation?

Édith Stein était liée par des liens d’amitié profonde avec l’assistant de Husserl à Gôtingen, Adolph Reinach, et avec son épouse. Adolf Reinach mourut en Flandres en novembre 1917. Édith se rendit à Gôttingen. Le couple Reinach s’était converti à la foi évangélique. Édith avait une certaine réticence à l’idée de rencontrer la jeune veuve. Avec beaucoup d’étonnement elle rencontra une croyante. « Ce fut ma première rencontre avec la croix et avec la force divine qu’elle transmet à ceux qui la portent […] Ce fut le moment pendant lequel mon irréligiosité s’écroula et le Christ resplendit ». Plus tard elle écrivit: « Ce qui n’était pas dans mes plans était dans les plans de Dieu. En moi prit vie la profonde conviction que -vu du côté de Dieu- le hasard n’existe pas; toute ma vie, jusque dans ses moindres détails, est déjà tracée selon les plans de la providence divine et, devant le regard absolument clair de Dieu, elle présente une unité parfaitement accomplie ».

À l’automne 1918, Édith Stein cessa d’être l’assistante d’Edmund Husserl. Ceci parce qu’elle désirait travailler de manière indépendante. Pour la première fois depuis sa conversion, Édith Stein rendit visite à Husserl en 1930. Elle eut avec lui une discussion sur sa nouvelle foi à laquelle elle aurait volontiers voulu qu’il participe. Puis elle écrit de manière surprenante: « Après chaque rencontre qui me fait sentir l’impossibilité de l’influencer directement, s’avive en moi le caractère pressant de mon propre holocauste ».

Édith Stein désirait obtenir l’habilitation à l’enseignement. À l’époque, c’était une chose impossible pour une femme. Husserl se prononça au moment de sa candidature: « Si la carrière universitaire était rendue accessible aux femmes, je pourrais alors la recommander chaleureusement plus que n’importe quelle autre personne pour l’admission à l’examen d’habilitation ». Plus tard on lui interdira l’habilitation à cause de ses origines juives.

Édith Stein retourna à Wroclaw. Elle écrivit des articles sur la psychologie et sur d’autres disciplines humanistes. Elle lit cependant le Nouveau Testament, Kierkegaard et le livre des exercices de saint Ignace de Loyola. Elle s’aperçoit qu’on ne peut seulement lire un tel écrit, il faut le mettre en pratique.

Pendant l’été 1921, elle se rendit pour quelques semaines à Bergzabern (Palatinat), dans la propriété de Madame Hedwig Conrad-Martius, une disciple de Husserl. Cette dame s’était convertie, en même temps que son époux, à la foi évangélique. Un soir, Édith trouva dans la bibliothèque l’autobiographie de Thérèse d’Avila. Elle la lut toute la nuit. « Quand je refermai le livre je me dis: ceci est la vérité ». Considérant rétrospectivement sa propre vie, elle écrira plus tard: « Ma quête de vérité était mon unique prière ».

Le ler janvier 1922, Édith Stein se fit baptiser. C’était le jour de la circoncision de Jésus, de l’accueil de Jésus dans la descendance d’Abraham. Édith Stein était debout devant les fonds baptismaux, vêtue du manteau nuptial blanc de Hedwig Conrad-Martius qui fut sa marraine. « J’avais cessé de pratiquer la religion juive et je me sentis de nouveau juive seulement après mon retour à Dieu ». Maintenant elle sera toujours consciente, non seulement intellectuellement mais aussi concrètement, d’appartenir à la lignée du Christ. À la fête de la Chandeleur, qui est également un jour dont l’origine remonte à l’Ancien Testament, elle reçut la confirmation de l’évêque de Spire dans sa chapelle privée.

Après sa conversion, elle se rendit tout d’abord à Wroclaw. « Maman, je suis catholique ». Les deux se mirent à pleurer. Hedwig Conrad-Martius écrivit: « Je vis deux israélites et aucune ne manque de sincérité » (cf Jn 1, 47).

Immédiatement après sa conversion, Édith aspira au Carmel, mais ses interlocuteurs spirituels, le Vicaire général de Spire et le Père Erich Przywara, S.J., l’empêchèrent de faire ce pas. Jusqu’à pâques 1931 elle assura alors un enseignement en allemand et en histoire au lycée et séminaire pour enseignants du couvent dominicain de la Madeleine de Spire. Sur l’insistance de l’archiabbé Raphaël Walzer du couvent de Beuron, elle entreprend de longs voyages pour donner des conférences, surtout sur des thèmes concernant les femmes. « Pendant la période qui précède immédiatement et aussi pendant longtemps après ma conversion [… ] je croyais que mener une vie religieuse signifiait renoncer à toutes les choses terrestres et vivre seulement dans la pensée de Dieu. Progressivement cependant, je me suis rendue compte que ce monde requiert bien autre chose de nous […]; je crois même que plus on se sent attiré par Dieu et plus on doit « sortir de soi-même », dans le sens de se tourner vers le monde pour lui porter une raison divine de vivre ».

Son programme de travail est énorme. Elle traduit les lettres et le journal de la période pré-catholique de Newman et l’Âœuvre  » Questiones disputatx de veritate  » de Thomas d’Aquin et ce dans une version très libre, par amour du dialogue avec la philosophie moderne. Le Père Erich Przywara S.J. l’encouragea à écrire aussi des oeuvres philosophiques propres. Elle apprit qu’il est possible « de pratiquer la science au service de Dieu [… ] ; c’est seulement pour une telle raison que j’ai pu me décider à commencer une série d’oeuvres scientifiques ». Pour sa vie et pour son travail elle trouve toujours les forces nécessaires au couvent des bénédictins de Beuron où elle se rend pour passer les grandes fêtes de l’année liturgique.

En 1931, elle termina son activité à Spire. Elle tenta de nouveau d’obtenir l’habilitation pour enseigner librement à Wroclaw et à Fribourg. En vain. À partir de ce moment, elle écrivit une oeuvre sur les principaux concepts de Thomas d’Aquin: « Puissance et action ». Plus tard, elle fera de cet essai son ceuvre majeure en l’élaborant sous le titre « Être fini et Être éternel », et ce dans le couvent des Carmélites à Cologne. L’impression de l’Âœuvre ne fut pas possible pendant sa vie.

En 1932, on lui donna une chaire dans une institution catholique, l’Institut de Pédagogie scientifique de Münster, où elle put développer son anthropologie. Ici elle eut la possibilité d’unir science et foi et de porter à la compréhension des autres cette union. Durant toute sa vie, elle ne veut être qu’un « instrument de Dieu ». « Qui vient à moi, je désire le conduire à Lui ».

En 1933, les ténèbres descendent sur l’Allemagne. « J’avais déjà entendu parler des mesures sévères contres les juifs. Mais maintenant je commençai à comprendre soudainement que Dieu avait encore une fois posé lourdement sa main sur son peuple et que le destin de ce peuple était aussi mon destin ». L’article de loi sur la descendance arienne des nazis rendit impossible la continuation de son activité d’enseignante. « Si ici je ne peux continuer, en Allemagne il n’y a plus de possibilité pour moi ». « J’étais devenue une étrangère dans le monde ».

L’archiabbé Walzer de Beuron ne l’empêcha plus d’entrer dans un couvent des Carmélites. Déjà au temps où elle se trouvait à Spire, elle avait fait les veeux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. En 1933 elle se présenta à la Mère Prieure du monastère des Carmélites de Cologne. « Ce n’est pas l’activité humaine qui peut nous aider, mais seulement la passion du Christ. J’aspire à y participer ».

Encore une fois Édith Stein se rendit à Wroclaw pour prendre congé de sa mère et de sa famille. Le dernier jour qu’elle passa chez elle fut le 12 octobre, le jour de son anniversaire et en même temps celui de la fête juive des Tabernacles. Édith accompagna sa mère à la Synagogue. Pour les deux femmes ce ne fut pas une journée facile. « Pourquoi l’as-tu connu (Jésus Christ)? Je ne veux rien dire contre Lui. Il aura été un homme bon. Mais pourquoi s’est-il fait Dieu? » Sa mère pleure.

Le lendemain matin Édith prend le train pour Cologne. « Je ne pouvais entrer dans une joie profonde. Ce que je laissais derrière moi était trop terrible. Mais j’étais très calme – dans l’intime de la volonté de Dieu ». Par la suite elle écrira chaque semaine une lettre à sa mère. Elle ne recevra pas de réponses. Sa soeur Rose lui enverra des nouvelles de la maison.

Le 14 octobre, Édith Stein entre au monastère des Carmélites de Cologne. En 1934, le 14 avril, ce sera la cérémonie de sa prise d’habit. L’archiabbé de Beuron célébra la messe. À partir de ce moment Édith Stein portera le nom de soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix.

En 1938, elle écrivit: « Sous la Croix je compris le destin du peuple de Dieu qui alors (1933) commençait à s’annoncer. Je pensais qu’il comprenait qu’il s’agissait de la Croix du Christ, qu’il devait l’accepter au nom de tous les autres peuples. Il est certain qu’aujourd’hui je comprends davantage ces choses, ce que signifie être épouse du Seigneur sous le signe de la Croix. Cependant il ne sera jamais possible de comprendre tout cela, parce que c’est un mystère ».

Le 21 avril 1935, elle fit des voeux temporaires. Le 14 septembre 1936, au moment du renouvellement des voeux, sa mère meurt à Wroclaw. « Jusqu’au dernier moment ma mère est restée fidèle à sa religion. Mais puisque sa foi et sa grande confiance en Dieu […] furent l’ultime chose qui demeura vivante dans son agonie, j’ai confiance qu’elle a trouvé un juge très clément et que maintenant elle est ma plus fidèle assistante, en sorte que moi aussi je puisse arriver au but ».

Sur l’image de sa profession perpétuelle du 21 avril 1938, elle fit imprimer les paroles de saint Jean de la Croix auquel elle consacrera sa dernière oeuvre: « Désormais ma seule tâche sera l’amour ».

L’entrée d’Édith Stein au couvent du Carmel n’a pas été une fuite. « Qui entre au Carmel n’est pas perdu pour les siens, mais ils sont encore plus proches; il en est ainsi parce que c’est notre tâche de rendre compte à Dieu pour tous ». Surtout elle rend compte à Dieu pour son peuple. « Je dois continuellement penser à la reine Esther qui a été enlevée à son peuple pour en rendre compte devant le roi. Je suis une petite et faible Esther mais le Roi qui m’a appelée est infiniment grand et miséricordieux. C’est là ma grande consolation ». (31-10-1938)

Le 9 novembre 1938, la haine des nazis envers les juifs fut révélée au monde entier. Les synagogues brûlèrent. La terreur se répandit parmi les juifs. La Mère Prieure des Carmélites de Cologne fait tout son possible pour conduire soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix à l’étranger. Dans la nuit du 1er janvier 1938, elle traversa la frontière des Pays-Bas et fut emmenée dans le monastère des Carmélites de Echt, en Hollande. C’est dans ce lieu qu’elle écrivit son testament, le 9 juin 1939: « Déjà maintenant j’accepte avec joie, en totale soumission et selon sa très sainte volonté, la mort que Dieu m’a destinée. Je prie le Seigneur qu’Il accepte ma vie et ma mort […] en sorte que le Seigneur en vienne à être reconnu par les siens et que son règne se manifeste dans toute sa grandeur pour le salut de l’Allemagne et la paix dans le monde ».

Déjà au monastère des Carmélites de Cologne on avait permis à Édith Stein de se consacrer à ses oeuvres scientifiques. Entre autres elle écrivit dans ce lieu « De la vie d’une famille juive ». « Je désire simplement raconter ce que j’ai vécu en tant que juive ». Face à « la jeunesse qui aujourd’hui est éduquée depuis l’âge le plus tendre à haïr les juifs […] nous, qui avons été éduqués dans la communauté juive, nous avons le devoir de rendre témoignage ».

En toute hâte, Édith Stein écrira à Echt son essai sur « Jean de la Croix, le Docteur mystique de l’Église, à l’occasion du quatre centième anniversaire de sa naissance, 1542-1942 ». En 1941, elle écrivit à une religieuse avec laquelle elle avait des liens d’amitié: « Une scientia crucis (la science de la croix) peut être apprise seulement si l’on ressent tout le poids de la croix. De cela j’étais convaincue depuis le premier instant et c’est de tout coeur que j’ai dit: Ave Crux, Spes unica (je te salue Croix, notre unique espérance) ». Son essai sur Jean de la Croix porta le sous-titre: « La Science de la Croix ».

Le 2 août 1942, la Gestapo arriva. Édith Stein se trouvait dans la chapelle, avec les autres soeurs. En moins de 5 minutes elle dut se présenter, avec sa soeur Rose qui avait été baptisée dans l’Église catholique et qui travaillait chez les Carmélites de Echt. Les dernières paroles d’Édith Stein que l’on entendit à Echt s’adressèrent à sa soeur: « Viens, nous partons pour notre, peuple ».

Avec de nombreux autres juifs convertis au christianisme, les deux femmes furent conduites au camp de rassemblement de Westerbork. Il s’agissait d’une vengeance contre le message de protestation des évêques catholiques des Pays-Bas contre le progrom et les déportations de juifs. « Que les êtres humains puissent en arriver à être ainsi, je ne l’ai jamais compris et que mes soeurs et mes frères dussent tant souffrir, cela aussi je ne l’ai jamais vraiment compris […]; à chaque heure je prie pour eux. Est-ce que Dieu entend ma prière? Avec certitude cependant il entend leurs pleurs ». Le professeur Jan Nota, qui lui était lié, écrira plus tard: « Pour moi elle est, dans un monde de négation de Dieu, un témoin de la présence de Dieu ».

À l’aube du 7 août, un convoi de 987 juifs parti en direction d’Auschwitz. Ce fut le 9 août 1942, que soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, avec sa soeur Rose et de nombreux autres membres de son peuple, mourut dans les chambres à gaz d’Auschwitz.

Avec sa béatification dans la Cathédrale de Cologne, le ler mai 1987, l’Église honorait, comme l’a dit le Pape Jean-Paul II, « une fille d’Israël, qui pendant les persécutions des nazis est demeurée unie avec foi et amour au Seigneur Crucifié, Jésus Christ, telle une catholique, et à son peuple telle une juive ».

 

 

 

 

 

 

Saint Dominique, prêtre

Saint Dominique, prêtre, fondateur de l’Ordre des Frères prêcheurs

Parler avec Jésus ou parler de Jésus, et rien d’autre. La quintessence d’un chrétien, on dirait qu’elle est un idéal inaccessible. Non, car on sait qu’il y a été un homme capable de vivre de manière magnifique cet idéal. Peut-être oui, si on voit ce que cet homme a réussi à faire en 51 ans. Une présence exceptionnelle dans les vicissitudes de l’Eglise, Dominique de Guzman est comparable à François d’Assise, son contemporain.

Les deux prêcheurs

Caleruega, village de montagne de la Vieille Castille, c’est là que Dominique commence son histoire en 1170. Dans sa famille il y a un oncle prêtre et l’Evangile devient pour l’enfant, puis pour l’adolescent, comme le pain à manger. A 24 ans, la prêtrise est la route plus que naturelle. Dominique entre chez les Chanoines de la cathédrale d’Osma parce l’évêque Diego le lui demande, et l’emmène avec lui en mission au Danemark. Du côté de Toulouse ils sont témoins de l’expansion de l’hérésie des Cathares, convaincus que Jésus est homme mais pas Dieu. L’urgence de parler, expliquer, témoigner la foi allume chez les deux hommes une certitude: leur mission ne peut être que la prédication aux païens et en 1206 ils vont le demander au Pape.

L’homme de la rencontre

Innocent III est bien d’accord sur la mission mais non pas sur les destinataires. Ce sont les Albigeois, un autre nom des Cathares, avec qui Diego et Dominique doivent s’affronter. Ils retournent en France et peu après Diego meurt. Dominique se retrouve seul pour affronter l’onde de l’hérésie et il le fait avec passion, en rencontrant, exhortant, débattant en public et en privé; c’est une activité épuisante mais Dominique est un enthousiaste. Et il n’a pas l’air d’un docteur pédant, son regard, son attitude constamment affable suscite respect et sympathie et réduise les distances entre lui et les adversaires. Des années se coulent ainsi tous les jour, puis le scénario change en 1215.

Tendre comme une maman, mais solide comme un diamant

Cette année-là se déroule à Rome le quatrième Concile du Latran et Dominique s’y rend avec Foulques, l’évêque de Toulouse. C’est l’occasion favorable pour présenter au Pape Honorius III le projet qui désormais a pris forme. Depuis quelque temps, de nombreuses personnes de différentes parties de l’Europe fascinées par son engagement se mettent aux côtés de Dominique; beaucoup d’entre elles sont des jeunes de talent. Le 22 décembre 1217 arrive le placet: Honorius approuve la naissance de l’«Ordre des Frères Prêcheurs». Et c’est comme une explosion: rapidement les «Dominicains» se répandent portant partout l’Evangile avec leur style incendiaire. Pour Dominique c’est la dernière étape, qui culmine le 6 août 1221 quand il meurt entouré de ses frères dans le très cher couvent de Bologne. Treize ans à peine après, Grégoire IX, qui l’avait connu personnellement, le proclame Saint. Des montagnes de la Castille monte plus haut l’homme qui, comme dit le son confrère, le célèbre Lacordaire, fut « tendre comme une maman, solide un diamant».

Saints Sixte II, pape, et ses diacres

Saints Sixte II, pape, et ses diacres

Martyrs (+ 258)

Mémoire des saints Sixte II, pape, et ses diacres, martyrs en 258. Le pape Sixte II, en effet, célébrait les saints mystères et enseignait à ses frères les commandements divins au cimetière de Calliste, lorsqu’il fut arrêté par des soldats, en vertu d’une rescrit de l’empereur Valérien, et décapité sur le champ avec quatre diacres. Le même jour, deux autres diacres, Agapit et Félicissime, furent également décapités au cimetière de Prétextat, où ils furent inhumés.Martyrologe romain

Transfiguration – Matthieu 17:1-9

Transfiguration

La Parole de Dieu

    En ce temps-là,
Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère,
et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux ;
son visage devint brillant comme le soleil,
et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Voici que leur apparurent Moïse et Élie,
qui s’entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus :
« Seigneur, il est bon que nous soyons ici !
Si tu le veux,
je vais dresser ici trois tentes,
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Il parlait encore,
lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre,
et voici que, de la nuée, une voix disait :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé,
en qui je trouve ma joie :
écoutez-le ! »
Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre
et furent saisis d’une grande crainte.
Jésus s’approcha, les toucha et leur dit :
« Relevez-vous et soyez sans crainte ! »
Levant les yeux,
ils ne virent plus personne,
sinon lui, Jésus, seul.

En descendant de la montagne,
Jésus leur donna cet ordre :
« Ne parlez de cette vision à personne,
avant que le Fils de l’homme
soit ressuscité d’entre les morts. »

« Ecoutez-le. » Cette parole est adressée à Pierre et aux autres : elle s’adresse aussi à moi, aujourd’hui. Ecouter Jésus, c’est entendre ce qu’il dit, l’accepter, se l’approprier, s’identifier pleinement avec sa parole.

Dédicace de Sainte-Marie-Majeure

Dédicace de Sainte-Marie-Majeure

Basilique romaine

Mémoire liturgique de la dédicace de la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome, sur l’Esquilin.
En 366, la Sainte Vierge apparut à un riche couple sans enfant et, en même temps, au pape Libère pour leur demander la construction d’une basilique à l’endroit qui serait désigné par de la neige qui tomba le 5 août.

On lui donna d’abord le nom de Sainte-Marie des Neiges, puis de basilique de Libère, puis de Sainte-Marie de la Crèche, car les reliques de la Crèche y ont été apportées de Bethléem.

Appelée maintenant Sainte-Marie-Majeure, c’est une des plus belles églises de Rome.
« La Basilique de Sainte Marie Majeure, située sur le sommet du col Esquilin, est une des quatre Basiliques patriarcales de Rome et est la seule qui ait conservée les structures paléochrétiennes. La tradition veut que ce fut la Vierge qui indiqua l’emplacement et inspira la construction de sa demeure sur l’Esquilin. En apparaissant dans un rêve au patricien Jean et au pape Liberio, elle demanda la construction d’une église en son honneur, dans un lieu qu’elle aurait miraculeusement indiqué. Le matin du 5 août, le col Esquilin apparut couvert de neige… » (site du Vatican)

« Laissant tout, ils le suivirent » (Lc 5, 1-11)

Évangile

« Laissant tout, ils le suivirent » (Lc 5, 1-11)

Alléluia. Alléluia.
« Venez à ma suite, dit le Seigneur,
et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Alléluia. (Mt 4, 19)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
la foule se pressait autour de Jésus
pour écouter la parole de Dieu,
tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth.
Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ;
les pêcheurs en étaient descendus
et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon,
et lui demanda de s’écarter un peu du rivage.
Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules.
Quand il eut fini de parler,
il dit à Simon :
« Avance au large,
et jetez vos filets pour la pêche. »
Simon lui répondit :
« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ;
mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
Et l’ayant fait,
ils capturèrent une telle quantité de poissons
que leurs filets allaient se déchirer.
Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque
de venir les aider.
Ceux-ci vinrent,
et ils remplirent les deux barques,
à tel point qu’elles enfonçaient.
à cette vue,
Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant :
« Éloigne-toi de moi, Seigneur,
car je suis un homme pécheur. »
En effet, un grand effroi l’avait saisi,
lui et tous ceux qui étaient avec lui,
devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ;
et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon.
Jésus dit à Simon :
« Sois sans crainte,
désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Alors ils ramenèrent les barques au rivage
et, laissant tout, ils le suivirent.

– Acclamons la Parole de Dieu.

St Curé d’Ars

Qui est St Jean-Marie Vianney

Mais qui donc était Saint Jean- Marie Vianney, curé d’Ars ?

Né en 1786 dans une famille de cultivateurs près de Lyon, il est le quatrième de six enfants entourés de parents aimants. Son enfance est marquée par le contexte de la Révolution Française qui poursuit les prêtres et les oblige à la clandestinité. Il fait sa première confession dans sa maison natale (au pied de l’horloge dit-on) et reçoit l’absolution d’un prêtre clandestin.

Sa première communion se fera dans une grange lors d’une messe clandestine, célébrée par un prêtre réfractaire. Ces difficultés cimentent sa conviction à devenir prêtre.
En dépit de nombreuses épreuves, il sera ordonné prêtre en 1815. En 1818, il est envoyé à Ars où il réveille la foi de ses paroissiens par ses prédications, qui louent la bonté et la miséricorde de Dieu, et par sa prière et sa manière de vivre auprès des plus pauvres à qui il donnera « jusqu’à son cœur ».

Sa grande réputation de confesseur lui attire de nombreux pèlerins qui ne cesseront de venir toujours plus nombreux jusqu’à sa mort. Son grand souci est le salut des âmes et il se consume d’amour dans l’adoration du Saint-Sacrement. Une grave maladie l’assaille et il essaiera par trois fois de quitter sa paroisse, se croyant indigne de sa mission mais il est rattrapé par ses paroissiens et les pèlerins. Il meurt le 4 août 1859 dans son presbytère, épuisé, après une nuit de confessions.

Le 8 janvier 1905, le pape Pie X le béatifie et le déclare « patron des prêtres de France ».

Le 31 mai 1925, il est canonise par le pape Pie XI, puis déclaré en 1929 « patron de tous les curés du monde ».

Le 6 octobre 1986, le pape Jean-Paul II vient en pèlerinage à Ars.

Benoît XVI le proclame « patron de tous les prêtres du monde ».

 

Psaume 77 « Le Seigneur donne le pain du ciel ! »

Psaume

(Ps 77 (78), 3.4ac, 23-24, 25.52a.54a)

R/ Le Seigneur donne le pain du ciel ! (cf. 77, 24b)

Nous avons entendu et nous savons
ce que nos pères nous ont raconté :
et nous le redirons à l’âge qui vient,
les titres de gloire du Seigneur.

Il commande aux nuées là-haut,
il ouvre les écluses du ciel :
pour les nourrir il fait pleuvoir la manne,
il leur donne le froment du ciel.

Chacun se nourrit du pain des Forts,
il les pourvoit de vivres à satiété.
Tel un berger, il conduit son peuple.
Il le fait entrer dans son domaine sacré.

N’est-il pas le fils du charpentier

Évangile

« N’est-il pas le fils du charpentier ? Alors, d’où lui vient tout cela ? » (Mt 13, 54-58)

Alléluia. Alléluia.
La parole du Seigneur demeure pour toujours ;
c’est la bonne nouvelle qui vous a été annoncée.
Alléluia. (cf. 1 P 1, 25)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus se rendit dans son lieu d’origine,
et il enseignait les gens dans leur synagogue,
de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement
et disaient :
« D’où lui viennent cette sagesse
et ces miracles ?
N’est-il pas le fils du charpentier ?
Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie,
et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ?
Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ?
Alors, d’où lui vient tout cela ? »
Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
Jésus leur dit :
« Un prophète n’est méprisé que dans son pays
et dans sa propre maison. »
Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là,
à cause de leur manque de foi.

– Acclamons la Parole de Dieu.

La réaction des habitants n’a cependant pas la même bienveillance. Leur savoir les enferme. La première question qu’ils se posent est une mauvaise question : « D’où a-t-il cette sagesse ? » « D’où ? » Autrement dit : « Quels sont ses titres, ses diplômes, ses maîtres ? » Et ils prolongent ce questionnement par des questions qui n’en sont pas : nous connaissons son père, sa mère, ses proches parents. « D’où a-t-il donc tout ce pouvoir ? »

Donne-nous, Seigneur, d’aborder autrement ceux qui nous parlent de Dieu et de son Royaume. Laissons-nous interroger par les questions qu’ils nous posent et la foi qui les habite. Ce ne sont pas forcément les gens les plus titrés qui sont les meilleurs témoins.   

Saint Alphonse de Liguori

Saint Alphonse de Liguori
Docteur de l’Église
Fondateur des Rédemptoristes
(1696-1787)

Saint Alphonse de Liguori naquit près de Naples. Après de fort brillantes études, docteur en droit civil et canonique à seize ans, il embrassa la carrière d’avocat. Pendant les dix années qu’il remplit cette charge, il fut le modèle du parfait chrétien. Il commençait à se relâcher, quand il échoua dans un plaidoyer superbe où il avait déployé tous ses talents; « O monde! s’écria-t-il, désormais je te connais; tu ne m’auras plus. »

Peu après, il entendit une voix lui dire: « Laisse le monde de côté, livre-toi à Moi tout entier… » Aussitôt il répondit, fondant en larmes: « O Dieu! Me voici, faites de moi ce qu’il Vous plaira. » Aussitôt Alphonse va déposer à l’église de la Sainte Vierge son épée de gentilhomme, prend bientôt l’habit ecclésiastique, fait ses études de théologie, et au bout de trois ans reçoit le sacerdoce. Désormais le voilà embrasé du zèle des âmes; il se mêle au peuple des campagnes et s’éprend d’un amour spécial pour lui.

C’est alors que l’idée lui vint de fonder, pour exercer l’apostolat parmi cette classe si intéressante de la société, la Congrégation des Rédemptoristes. Traité d’insensé par son père, ses proches et ses amis, persécuté et abandonné bientôt par plusieurs de ses premiers collaborateurs, délaissé et méprisé par son directeur lui-même, Alphonse endura toutes les souffrances morales qui peuvent tomber sur un homme: rien ne put l’abattre ni le décourager.

Il eut plusieurs visions de la très Sainte Vierge; une fois, pendant un sermon sur les gloires de Marie, il fut ravi, et environné d’une éblouissante lumière.

Un jour, son pauvre accoutrement le fit prendre pour le cocher des autres missionnaires, et, à son premier sermon, son éloquence fit dire au peuple: « Si le cocher prêche si bien, que sera-t-il des autres! » Aux travaux apostoliques, Alphonse joignait les travaux intellectuels, et il composa un grand nombre d’ouvrages de piété et de morale qui l’ont fait élever au rang des docteurs.

Sacré évêque, Alphonse égala par ses vertus les plus saints pontifes. Il mourut à l’âge de quatre-vingt-onze ans.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950