« Pourquoi as-tu peur, Hérode, en apprenant la naissance du Roi? (…). Tu assassines ces faibles corps parce que la peur assassine ton cœur» (Saint Quodvultdeus)
« Le Fils de Dieu lui-même – la Parole éternelle – s’est faite enfant, afin que la Parole devienne pour nous saisissable. Ainsi, Dieu nous enseigne à aimer les petits. Il nous enseigne de même à aimer les faibles. De cette manière, Il nous enseigne le respect face aux enfants » (Benoît XVI)
« La fuite en Égypte et le massacre des innocents manifestent l’opposition des ténèbres à la lumière : ‘Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu’ (Jn 1, 11). Toute la vie du Christ sera sous le signe de la persécution » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, Nº 530)
« Le sang de Jésus nous purifie de tout péché » (1 Jn 1, 5 – 2, 2)
Lecture de la première lettre de saint Jean
Bien-aimés,
tel est le message que nous avons entendu de Jésus Christ
et que nous vous annonçons :
Dieu est lumière ;
en lui, il n’y a pas de ténèbres.
Si nous disons que nous sommes en communion avec lui,
alors que nous marchons dans les ténèbres,
nous sommes des menteurs,
nous ne faisons pas la vérité.
Mais si nous marchons dans la lumière,
comme il est lui-même dans la lumière,
nous sommes en communion les uns avec les autres,
et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché.
Si nous disons que nous n’avons pas de péché,
nous nous égarons nous-mêmes,
et la vérité n’est pas en nous.
Si nous reconnaissons nos péchés,
lui qui est fidèle et juste
va jusqu’à pardonner nos péchés
et nous purifier de toute injustice.
Si nous disons que nous sommes sans péché,
nous faisons de lui un menteur,
et sa parole n’est pas en nous.
Mes petits enfants,
je vous écris cela pour que vous évitiez le péché.
Mais si l’un de nous vient à pécher,
nous avons un défenseur devant le Père :
Jésus Christ, le Juste.
C’est lui qui, par son sacrifice,
obtient le pardon de nos péchés,
non seulement les nôtres,
mais encore ceux du monde entier.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 123 (124), 2-3, 4-5, 6a.7cd-8)
R/ Comme un oiseau, nous avons échappé
au filet du chasseur. (Ps 123, 7ab)
Sans le Seigneur qui était pour nous
quand des hommes nous assaillirent,
alors ils nous avalaient tout vivants,
dans le feu de leur colère.
Alors le flot passait sur nous,
le torrent nous submergeait ;
alors nous étions submergés
par les flots en furie.
Béni soit le Seigneur !
Le filet s’est rompu : nous avons échappé.
Notre secours est le nom du Seigneur
qui a fait le ciel et la terre.
Évangile
« Hérode envoya tuer tous les enfants de Bethléem » (Mt 2, 13-18)
Alléluia, Alléluia.
À toi, Dieu, notre louange !
Toi, le Seigneur, nous t’acclamons
toi, dont témoignent les martyrs. Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Après le départ des mages,
voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph
et lui dit :
« Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère,
et fuis en Égypte.
Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse,
car Hérode va rechercher l’enfant
pour le faire périr. »
Joseph se leva ;
dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère,
et se retira en Égypte,
où il resta jusqu’à la mort d’Hérode,
pour que soit accomplie
la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.
Alors Hérode, voyant que les mages s’étaient moqués de lui,
entra dans une violente fureur.
Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans
à Bethléem et dans toute la région,
d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages.
Alors fut accomplie la parole prononcée
par le prophète Jérémie : Un cri s’élève dans Rama,
pleurs et longue plainte :
c’est Rachel qui pleure ses enfants
et ne veut pas être consolée,
car ils ne sont plus.
Enfants de moins de 2 ans massacrés pour le Christ par Hérode à Bethléem (Ier siècle)
C’étaient des tout-petits enfants, ils avaient à peine 2 ans pour les plus âgés. L’âge de la crèche, pas même de la maternelle. Pour leurs pères et leurs mères, ils étaient des merveilles, des enfançons qu’on élève encore contre sa joue et que l’on fait bénir par le premier prophète qui passe. Voulant atteindre le roi d’Israël, ce sont les petits qu’Hérode fait tuer, les premiers accueillis par le Dieu d’Amour qui vient sauver les hommes. Ils sont incapables de parler. Mais aux yeux du Christ, c’est l’existence et non l’âge qui offre la liberté d’entrer dans l’Église. Petits enfants qui furent massacrés à Bethléem de Judée sur l’ordre du roi impie Hérode, pour que périsse avec eux l’enfant Jésus. Dès les premiers siècles de l’Église, ils ont été honorés comme martyrs, car ils sont les prémices de tous ceux qui devaient verser leur sang pour Dieu et pour l’Agneau de Dieu.
L’évangéliste Matthieu raconte que Jésus étant né à Bethléem, des Mages vinrent chez le roi Hérode pour lui demander où était le roi des Juifs qui venait de naître, pour aller l’adorer. Hérode, par peur de perdre son trône, en voulut savoir davantage avec l’intention de le faire tuer. Il consulta les scribes et demanda aux Mages de le chercher et au retour de l’informer de l’endroit où se trouvait l’enfant. Mais les Mages, raconte l’Evangile, «avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, regagnèrent leur Pays par un autre chemin». Alors Hérode se voyant joué par les Mages, se mit en colère et, lit-on encore, «envoya massacrer tous les enfants de Bethléem et de tout son territoire, âgés de moins de deux ans»
Une petite avant-garde
L’Eglise vénère ces Innocents comme martyrs des premiers siècles, car arrachés à la vie peu après la venue au monde du Christ, et en fait mémoire aux environs de Noël. Par la volonté de Pie V la célébration a été élevée au rang de fête. Prudence, poète qui a vécu au IV siècle, dans l’hymne de l’Epiphanie du Liber cathemerinon les définit «flores martyrum», fleurs des martyrs, déracinées par le persécuteur de Jésus Christ, comme tant de tendres bourgeons». «Les enfants, sans le savoir, meurent pour le Christ, et les parents pleurent les martyrs qui meurent. Le Christ fait ses témoins ceux qui ne parlent pas encore», explique dans un sermon l’évêque saint Quodvultdeus. Et il poursuit: « O merveilleux don de la grâce! Quels mérites ont-ils eu ces enfants pour remporter la victoire de cette manière? Ils ne parlent pas encore et déjà ils confessent le Christ! Ils ne sont pas encore capables d’affronter la lutte, car leurs membres sont encore inermes, toutefois ils portent en triomphe la palme de la victoire». En somme, les Saints Innocents sont la petite avant-garde de l’armée de martyrs qui ont témoigné et continuent de témoigner avec leur sang leur appartenance au Christ, créatures qui ont écrit tout de même la première page de la longue liste des martyrs chrétiens.
Les innocentes victimes d’hier et d’aujourd’hui
Pour la tradition chrétienne occidentale l’épisode évangélique des Saints Innocents Martyrs est un exemple typique de ce que la soif de pouvoir peut pousser à des délits atroces. Les enfants de Bethléem sont en effet victimes de la haine impitoyable d’Hérode contre qui aurait pu contraster ses plans de puissance et de domination. Sur ce thème, et sur l’histoire des enfants de Bethléem, au cours des siècles, des œuvres d’art variées ont été réalisées. En 2016, justement, le jour de la fête des Saints Innocents, le pape François a adressé aux évêques une lettre les exhortant à « écouter la lamentation et les pleurs de tant de mères, de tant de de familles, pour la mort de leurs enfants, de leurs enfants innocents»: c’est le même « gémissement de douleur des mères qui pleurent la mort de leurs enfants innocents face à la tyrannie et à l’avidité effrénée de pouvoir d’Hérode». «Un gémissement, a écrit le pontife, que nous pouvons encore aujourd’hui continuer à entendre, qui nous touche notre âme et que nous ne pouvons pas et ne voulons pas ignorer ni faire taire».
D’où l’invitation du Pape aux évêques du monde entier pour qu’ils protègent l’innocence des petits «des nouveaux Hérode de nos jours», qui la phagocytent et la brisent «sous le poids du travail clandestin et de l’esclavage, sous le poids de la prostitution et de l’exploitation. Innocence détruite par les guerres et par l’émigration forcée». Au même moment le Pape a aussi recommandé l’écoute des pleurs et des lamentations de l’Eglise qui demande pardon et «pleure non seulement face à la douleur causée aux plus petits de ses enfants, mais aussi parce qu’elle est consciente du péché de certains de ses membres: la souffrance, l’histoire et la douleur des mineurs qui ont été abusés sexuellement par des prêtres».
R/ Heureux les habitants de ta maison, Seigneur ! (Ps 83, 5a)
De quel amour sont aimées tes demeures,
Seigneur, Dieu de l’univers.
Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur ;
mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant !
Heureux les habitants de ta maison :
ils pourront te chanter encore !
Heureux les hommes dont tu es la force :
des chemins s’ouvrent dans leur cœur !
Seigneur, Dieu de l’univers, entends ma prière ;
écoute, Dieu de Jacob.
Dieu, vois notre bouclier,
regarde le visage de ton messie.