Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ?

Pâques 03C- Jean 21, 1-14  M’aimes Tu ?

« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu? »  Au terme de son Évangile, Saint Jean nous montre que l’histoire de Dieu se répète.

Dans le jardin d’Eden, selon le livre de la Genèse, Dieu Créateur est sorti avec douceur à la  recherche des premiers habitants de la terre (Gn 3,9). « Adam, où es-tu ? »  Dieu souffre tellement de voir que ce premier couple humain a désormais honte de leur nudité  qu’Il ne va pas ajouter à leur souffrance. Au matin du premier jour, Dieu n’est sorti ni pour l’écraser, ni pour humilier, mais parce que son regard voyait toujours la beauté de son œuvre « il vit que cela était bon ». Dieu voit au-delà des circonstances atténuantes.

Après la Résurrection, au matin du Nouveau Monde, tandis que Pierre et ses amis retournent à la vie auparavant, à la vie des pêcheurs, Jésus, le Ressuscité pose le même geste, projette le même regard sur ses amis. Il s’approche en douceur de Pierre. Il ne l’attaque pas, n’est pas fâché par ses reniements. Il sait comme dit le psaume 8,30 « trouver ses délices parmi les hommes ».  Plus qu’un interrogatoire malveillant, cette rencontre de Jésus avec ses disciples du bord Tibériade nous propose une méditation qui dépasse notre jugement humain. Jésus déclare que son amour et sa miséricorde pour Pierre, pour ses amis, pour son peuple ne repose pas sur la gravité de l’offense. Que son amour ne disparaîtra pas parce qu’Il a été renié. Une attitude de douceur, de compassion, impressionne autant Pierre que les autres disciples, … et nous aussi aujourd’hui.

Jésus a confiance en Pierre, toujours, Il croit tellement que Pierre est capable de tout faire pour Lui, qu’il n’a jamais perdu de vue sa beauté des enfants de Dieu, sa dignité. Il ne lui a pas retiré sa confiance. C’est justement là un des messages importants de l’Evangile selon St Jean aujourd’hui : Perdre de vue la beauté, c’est ne plus aimer.

L’amour est lié à la beauté que nous projetons sur l’autre. Il est lié à l’espérance qu’il peut redevenir beau. Il exige de la patience, beaucoup de patience. Alors que l’impatience conduit au désespoir, la patience de Jésus montre que ce que Pierre n’a pas réussi aujourd’hui il le fera plus tard. « L’amour prend patience, ne s’irrite pas, n’entretient pas de rancune, ne se réjouit pas de l’injustice, mais trouve sa joie dans la vérité. L’amour excuse tout, espère tout, endure tout. Il ne disparaît jamais » (1 Cor13, 4-8).

Jésus ne se contente pas de prêcher l’amour. Il a opté pour être amour. C’est maintenant notre mission : être au nom de Jésus débordant de son regard de confiance, de patience, de beauté sur l’autre. Regard qui remonte de cette rencontre avec Jésus. Un tel regard exige que nous soyons des « sacrements dépouillés de nous-mêmes » (M. Zundel).  Il est impossible à offrir sans être dépouillé de notre moi possessif et dévastateur qui nous sépare les uns des autres. Que cette Eucharistie ouvre nos regards sur la beauté de ce Pain livré pour nous, pour que nous puissions annoncer aux autres comme le disciple bien-aimé : C’est le Seigneur. « Nous cherchons l’Infini dans l’homme, mais ce n’est pas autre chose que le Dieu Vivant. C’est donc cette découverte que nous avons à faire, c’est cette quête que nous avons à poursuivre, et tout est là, et rien n’est intéressant en dehors de là, rien ! Tout est là » (M. Zundel). AMEN

P Joseph Nguyên Xuân Hà

Musique : Marche avec nous