Homélie Saint Sacrements C – Luc 9,11b-17

Saint Sacrements Luc 9,11b-17

Nous savons que dans l’amour, nous aimerions vivre dans une communion de la tendresse, de l’union des cœurs, de  la volonté de communiquer,  dans un profond respect de la conscience de l’autre, son sanctuaire le plus sacré, dans le désir de rendre l’autre heureux.

Aujourd’hui, dans l’Evangile, Jésus manifeste cet amour envers la foule dans le désert en procurant de la nourriture au peuple rassemblé pour écouter sa Parole.

Jésus « prit les cinq pains et les deux poissons » qui constituent la nourriture traditionnelle et basique de ce peuple de pêcheurs. Le verbe prendre est présent dans tous les récits de l’institution de l’Eucharistie. Jésus n’agit pas de façon magique, mais à partir des produits naturels, travaillés ou fabriqués par l’humanité.

Il « levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ». Bénir est un geste relationnel qui devient effectif dans le regard de Jésus. Il remercie Dieu, le Père, le reconnaît être la source de toute nourriture donnée aux hommes. « Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donne ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes » (au moment de la préparation des dons à la messe).

Et puis, Jésus « les rompit ». Ce verbe rompre est repris dans tous les récits de la Cène. En effet, la nourriture est faite pour être partagée. St Paul demande à la communauté de Corinthe de savoir vivre en communion, savoir partager le pain, la vie pour avoir une vraie communauté qui vit en communion car après chaque fraction des pains, « chacun se hâte de prendre son propre repas en sorte que l’un a faim tandis que l’autre est ivre » (1Cor. 11, 21). Ce point reste très actuel dans notre société du chacun pour soi.

Après avoir rompu les pains, il les donna aux douze pour partager. Donner est le quatrième verbe eucharistique présent dans tous les récits de la Cène. Il révèle jusqu’où va l’amour de Dieu pour nous, il met en lumière sa générosité qui bouleverse toutes nos perspectives humaines. Cinq pains et deux poissons peuvent nourrir et rassasier une foule immense, et il y a même des restes : douze paniers.

À chaque eucharistie, le Seigneur nous demande à nous aussi : Donne-moi ton pain, donne-moi quelque chose de ta vie. C’est pour ça que le pain et le vin viennent à chaque fois du milieu de notre assemblée. C’est notre pain qu’on donne au Seigneur. La question est donc, quand nous venons à la messe, de savoir ce que nous offrons réellement de notre vie ? Parfois, nous laissons au prêtre le soin de présenter à Dieu le pain et le vin… là-bas, à l’autel, loin de nous, comme si ce pain offert n’avait rien à voir avec nous !

Le pain et le vin ! Il ne représente pas seulement le travail des autres, mais le nôtre, la vie de chacun de nous, nos joies, nos peines, notre travail, nos responsabilités, nos amours. Et nous l’offrons à chaque messe, cette vie quotidienne, en offrant le pain pour que Dieu le transforme en sa propre vie, pour que notre pain quotidien soit béni, transformé, transfiguré, habité par la présence réelle du Christ.  Quand nous partageons et quand nous mangeons ce pain, nous recevons en nous l’Esprit Saint, l’Esprit de Jésus. Alors nous repartons avec une véritable énergie divine, pour continuer notre travail, pour nous tenir dans nos responsabilités, pour vivre toute notre vie avec la force de l’Esprit Saint, l’Esprit de Jésus, l’Esprit d’amour.

Ainsi, l’Eglise célèbre la messe tous les jours. Et la messe, c’est la rencontre de deux présences réelles : la présence réelle du Christ, et notre présence à nous qui a quelquefois du mal à être réelle. Après la messe, nous avons à devenir ensemble le Corps du Christ, le signe visible de sa présence, de son amour  dans le monde. En fait, c’est après la messe que l’on sait si la messe a été vraie. Une messe vivante, c’est une messe qui fait vivre. Et quand cela arrive, personne ne se demande plus ce que nous sommes venus faire à la messe.

P Joseph Nguyên Xuân Hà  –  

Musique : table dressée sur nos chemins