« Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux » (Mt 19, 23-30)
Alléluia. Alléluia.
Jésus Christ s’est fait pauvre, lui qui était riche,
pour que vous deveniez riches par sa pauvreté.
Alléluia. (cf. 2 Co 8, 9)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Amen, je vous le dis :
un riche entrera difficilement dans le royaume des Cieux.
Je vous le répète :
il est plus facile à un chameau
de passer par un trou d’aiguille
qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. »
Entendant ces paroles,
les disciples furent profondément déconcertés,
et ils disaient :
« Qui donc peut être sauvé ? »
Jésus posa sur eux son regard et dit :
« Pour les hommes, c’est impossible,
mais pour Dieu tout est possible. »
Alors Pierre prit la parole et dit à Jésus :
« Voici que nous avons tout quitté pour te suivre :
quelle sera donc notre part ? »
Jésus leur déclara :
« Amen, je vous le dis :
lors du renouvellement du monde,
lorsque le Fils de l’homme siégera sur son trône de gloire,
vous qui m’avez suivi,
vous siégerez vous aussi sur douze trônes
pour juger les douze tribus d’Israël.
Et celui qui aura quitté, à cause de mon nom,
des maisons, des frères, des sœurs,
un père, une mère, des enfants,
ou une terre,
recevra le centuple,
et il aura en héritage la vie éternelle.
Beaucoup de premiers seront derniers,
beaucoup de derniers seront premiers. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Cette scène fait suite à la proposition avortée qui a été faite au Jeune homme riche. Le propos que Jésus adresse à ses disciples est donc serein, objectif, de l’ordre du constat, sans jugement. La richesse y apparaît comme un bon moyen pour empêcher quelqu’un d’avancer vers la vie, son devenir… La richesse nous ralentit, nous alourdit avec les biens, nous fait perdre tout dynamisme pour avancer. La pauvreté a contrario, le fait de quitter, de ne pas posséder, apparaît comme ce qui nous donne de pouvoir avancer. Elle nous permet d’aller vers ce que nous désirons… Ignace disait qu’il fallait aimer la pauvreté « comme une mère ». Nous ne pouvons, chacun, que mesurer comment notre goût de la richesse, la sécurité qu’elle donne, le confort d’être dans un monde repérable, notre attachement à tout cela pèse sur notre liberté et rend difficile notre devenir. Jésus dira même que l’évolution paraît impossible… « Pour les hommes, c'est impossible, mais pour Dieu tout est possible. » Alors pouvons-nous peut-être considérer autrement ce qui nous arrive, ce qui nous arrache à nos biens, à nos habitudes. Ces pertes que la vie nous impose et qui sont douloureuses, nous apparaissent parfois injustes, sont peut-être ce qui nous donne de devenir véritablement. Aujourd’hui, il nous est, peut-être, proposé d’envisager avec bienveillance le fait de perdre. Cela dénude notre cœur, nous rend capable de devenir pour aller vers le Royaume.